jeudi 16 octobre 2008

"Ou que la vie renaisse..." G Morris. (Ed Fleuve Noir)



Une édition peu connue, une couverture repoussante arborant un mutant tenant à la main ce que l'on peu supposer être sa pitance: une tête humaine. Un titre peu attractif écrit en blanc sur fond de rouge agressif, le tout flanqué de la mention "Anticipation" qui à elle seule suffit à éloigner les plus prétentieux des intellectuels. Bref un livre qui ne sera jamais connu que de quelques voyageurs SNCF dont le train est en retard...

Un petit livre sans prétention aucune, que la main de mon père à déniché sur un marché, par un très heureux hasard, il y a 15ans de cela.

A l'époque, je n'avais pas réalisé ce que j'étais en train de lire. Je lisais comme toute jeune adolescente, l'aventure amoureuse naissante de deux être, dans un décor de fin du monde et de chaos... Le macabre devenir de ma ville : Paris.

L'histoire se passe au 3eme millénaire, l'homme a détruit petit à petit la planète, cette pollution entrainant la naissance de mutants, des êtres humains tous plus hideux les uns que les autres, et dont le temps semblait avoir effacé toute notion d'humanité. Ainsi naquît une nouvelle espèce d’humanoïdes, qui se mit en devoir d'envahir les cités, obligeant les humains à se replier dans des villes en l'air, appelées ville corolles.

L’apparition de ces mutants rebutât, petit à petit, les couples à donner naissance à de nouveaux enfants, par crainte d’être les géniteurs d’un être difforme. Tant et si bien que cette simple volonté se transforma en pathologie : La race humaine était stérile!

Bien que maintenant les Hommes pouvaient vivre plusieurs centaines d'année, les villes corolles commencèrent à se dépeupler. Certains partirent de mort naturelle, d'autre effrayés par la disparition inévitable de la race humaine, se suicidaient simplement.

Yann, un "jeune" homme d'une 50aine d'année, qui s'obstine à faire fi des nombreux tabous mis en place et à se dresser contre la rigueur des dirigeants des villes corolle, est mis en relation avec une charmante "jeune" femme d'à peine 40ans, partageant ses convictions, pour une mission de la plus haute importance : Rapporter le maximum d'informations sur les mutants...

L'histoire n'a rien d'exceptionnelle, elle est même par moment mal amenée, manque de rebond et a tendance à être lente et pesante, la rédaction est loin d'être parfaite et manque de finesse. Bref un livre que j'aurais pu écrire! Cependant je n'ai eu absolument aucun mal à imaginer les décors et a ressentir l'oppression, la chaleur lourde et l'odeur infecte des lieux que mes héros ont traversés, tellement l'histoire est prenante et le récit est simple a aborder.

Mais, ce n'est que 15 ans plus tard, en regardant "Les fils de l'homme" (2007 Alfonso Cuaron ) à la TV que j'ai compris ce que j'avais raté dans ce livre... La dimension humaine...

Ce film m'a mis sous le nez, une chose importante : Comment l'homme réagirait s'il savait la race humaine entière complètement stérile ?

A voir tous ces humains s'exclamer, rester silencieux, arrêter les guerres, à l'apparition d'un tout petit bébé nouveau né m'a laissé perplexe! Moi même étant une fille, je regarde à peine les bébés tellement j'en suis entourée. Je ne les vois même pas! (Je les entends surtout :p ).

J'aime beaucoup cette vision du futur qui me semble beaucoup plus proche de la réalité, qu'une vision futuriste d'un monde fait de technologie, de voyage spatiaux temporels, et de véhicule volant. Cependant, force est de constater que les auteurs se dirigent de plus en plus vers une évolution négative et effrayante de l'humanité, et de la terre.

G Morris, dans "Ou que la vie renaisse..." traite de plusieurs fait importants. Le premier étant ce qu'il pense que l'homme est capable de faire s’il se sait menacé d'extinction. Ensuite il aborde la façon dont l'homme se perçoit et ce qu'il est vraiment, et pour finir l'aspect mineur du rapport de l'homme à l'animal... et de l'"annimal" a l'homme.

"L'homme n'est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête" Blaise Pascal. Nous y sommes totalement ! Dans ce livre, le haut conseil bride complètement les connaissances accessibles aux Hommes de manières à ce que personne ne sache comment la vie était avant "La grande Catastrophe génétique".

Ces Hommes, qui vivent en permanence dans un univers de bétoplast, perchés aux sommets d'immenses "diabolo" accueillants 50 000 personnes au dessus de l'ancien Paris, n'ont donc aucune conscience et connaissance du passé de l'humanité. Ils vivent complètement reclus dans leurs énormes fourmilières. L'auteur nous raconte que l'air et la lumière y sont recyclés. La nourriture est complètement reconstituée, et que la seule viande que ces humains dégustent quelques fois, c'est de la chair de ces êtres ignobles; les mutants.

Afin de limiter les suicides, et les "idées originales" l'accès à la connaissance est entièrement réservé aux sages! L'humour n'existe plus... L'amour non plus d'ailleurs... Des séries "pornographiques" sont passées aux heures du repas pour inciter les Humains à avoir des relations sexuelles dans un but parfaitement hygiénique, et en espérant qu'ait lieu "la grande renaissance".

Le sexe, de plus en plus banalisé, est même devenue une activité dérisoire à tel point que la société est obligé de faire des campagne "pro" relation sexuelles, sinon les hommes ne perdraient plus leur temps à cette futilité qui n'a plus aucun sens.

Tout est bien encadré, vérifié afin que rien ne puisse filtrer et que tout soit parfaitement manipulé et manipulable. Si bien que lorsqu'un homme, tel que Yann, aux pensées un peu originales, en arrive à vouloir faire l'ange en rétablissant la vérité, fait effondrer petit a petit cet énorme château de carte.

Il commence par un simple rire, parce qu’il est un des rare habitants de la dernière ville corolle à avoir encore de l'humour. Il rit parce qu’il est érudit et connait les mœurs de l'ancien temps. Et ne peut contenir le rire qui s'empare de lui lorsqu'il réalise l'absurdité de la solennité dont ses semblables font preuve à la destruction d'un pont reliant l'avant dernière ville corolle tout récemment abandonnée, à la ville corolle centrale. Ce simple rire, entraine le suicide d'une personne qui ne croit plus en la renaissance de la race humaine...

Selon l'auteur, s'il est menacé d'extinction, l'homme est capable de faire l'autruche, pour continuer à survivre et espérer, même si tout est perdu... Au point même de renier toute réalité, et de condamner à la peine de mort toute personne qui oserait tenter de les lui rappeler. Mais... N'est ce pas ce que nous faisons déjà? Condamner les gens qui oseraient nous montrer que nous puissions avoir tord?

Pour se voiler un peu plus la face, l'homme s'enferme dans la façon dont il se perçoit et ne supporte même plus l'idée qu'il puisse perdre cette estime de lui même. Le gouverneur de l'avant dernière corolle, Eric, se suicide lorsqu'il réalise qu'il n'est plus rien, et qu’il n'a plus sa place dans la société dans laquelle il vit, car sa ville est désormais… morte.

Fait important également, aucun nom de famille n'est mentionné dans tout le livre. Du plus ancien au plus jeune, tout le monde se tutoie et s'appelle par son prénom. L'homme perd donc jusqu'a l'identité de son patronyme, qui jusqu'ici, nous sert de racine, de rattachement, de signe d'appartenance à une catégorie, à un pays. Mais dans les villes corolles, il n'y a plus d'attachement et d'appartenance, chacun est un membre important, en tout cas il semble nécessaire de le croire.

Chaque homme, tente de se voir de la façon la plus belle qu'il puisse. Et chaque homme renvoi une image de lui d'un être le plus parfait possible. Masquant, et se masquant une insoutenable réalité... C'est très actuel comme philosophie. Dans notre monte où le "paraitre" passe au dessus de l'"être", va t on finalement évoluer vers une généralisation de cet état de mode?

La seule chose cependant, qui n'ait pas évolué, c'est le rapport de l'homme à l'animal. Et l'homme a beau être "un animal social" il a encore besoin de chasser, et de faire preuve d'une effroyable cruauté, même au 3eme millénaire. Nos deux héros, eux, ont un semblant d'humanité. Et n'hésitent pas à mettre en péril la santé de leurs compagnons, pour éviter une mort lente et douloureuse à un "couple" de mutants.

Seules les notables de la ville corolle "Paris Sur Ciel" ont le droit de participer à ces parties de chasses, comme un safari dans les rues du vieux Paris. Protégés dans leur petites "puces", des aéroglisseurs bi place, les Hommes poursuivent des mutants, les tortures par plaisir, ramenant une petite partie de la viande pour la déguster.

Ces mutants mêmes, qui sont considérés comme des êtres ignobles, car ils conservent les restes de leurs ennemis après chaque bataille. Traités de cannibales par leurs cousins, ils n'ont donc pas plus de valeurs qu'une gazelle de nos jours, que des riches notables chassent bien protégés dans leur jeep dévastatrices. N'oublions cependant pas, que la race Humaine, et la race mutante, était une seule et même race il y a moins de 1000ans...

Alors qui est le plus cannibale des deux? Retournement de situation lorsque Yann et sa compagne sont envoyés pour récupérer des informations sur les "Mutants". Ceux ci ne sont pas qu'une simple race dégénérée, vaguement intelligente. Mais une société à part entière, tout comme la société à laquelle appartient nos deux héros ! Ils disposent de la technologie, ils ont un chef, des ambitions... une ambition... La même que celle des membres des villes corolles : "La grande renaissance"...

Les habitants de Paris sur Ciel, vont très mal accueillir cette nouvelle... Les traitants de menteur car pour eux, il est impossible que deux humains aient pu traverser le monde des mutants sans finir dévorés... Comment est ce possible? Et... Que cela cache t il ? ... Peut-on s’attendre à une modification des mœurs ? Et doit-on s’attendre à la disparition totale de l'espèce... ou... que la vie renaisse ?

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